Victor avait pris le temps de nous expliquer que la visite du quartier gothique se ferait en groupe de 5 à 8 personnes après la présentation, un choix qui selon lui nous laissait finalement plus de temps pour réfléchir aux activités qui nous tentaient, et à eux également pour finaliser toute l’organisation. Pendant notre séjour à Barcelone, nous pouvions prendre des cours de théâtre, de littérature, de sport, de danse, de musique, de photographie, de cuisine même comme tout le long de notre voyage. Et nous aurions par moments durant certaines étapes l'occasion de participer à un atelier d'écriture avec tel écrivain ou à un concert privé d'un certain musicien ou un cours de danse prestigieux, etc. Avec les visites des villes, bien sûr. A la fin de la présentation, nous avions 5 minutes pour chercher éventuellement des affaires dans nos chambres et choisir nos groupes puis rendez-vous au hall d'entrée. Victor et les autres animateurs allaient chacun s'occuper de faire visiter le quartier gothique à un peloton. Baptiste et Lorie nous rejoignirent à la fin de cet exposé. Je me rendis compte en les voyant arriver tous les deux super proches que j’avais également pu parler normalement à Yohan par moments et que je n’avais pas stressé à l’idée de sa main sur l’accoudoir toute proche de la mienne. Pourtant nos bras étaient bien proches. Et dans ma tête, j’applaudis la sérénité dont j’avais fait preuve. Je me promis de continuer à travailler là-dessus et je me dis que nous étions une joyeuse bande de copains. J’avais pris mon sac donc je n’avais pas besoin de retourner dans ma chambre, Lorie alla chercher sa batterie externe et son appareil photo. Et nous nous dirigeâmes vers l’accueil pour voir si nous pouvions rejoindre le groupe de Victor. Il y avait 4 animateurs pour nous faire visiter ce jour-là. Certains allaient également participer aux cours. Victor, par exemple, était acteur. Du coup il sera là pour tous les ateliers de théâtre. Il nous parla des autres animateurs présents ce soir-là. Brenda était danseuse, elle venait de Lille et avait 30 ans. Les musiciens parmi nous, pourront avoir des cours avec Julio, un espagnol installé à Bordeaux depuis quelques années. Puis, l’écrivain autoédité du groupe était Louis, il était parisien comme Victor. Les autres animateurs, professeurs allaient nous rejoindre plus tard. Certains arrivaient le lendemain matin. Il nous expliqua que quand le groupe allait être au complet, on se ferait une petite session d’échanges pour nous connaître mieux. Nous avions pu rejoindre son groupe tous les quatre avec Xavier et Léonie. Tous les groupes partirent au fur et à mesure à la conquête du quartier, nous avions tous une petite carte du voisinage nous permettant de visualiser les emplacements les plus importants. Chaque équipe faisait la visite dans un ordre différent nous permettant à tous de profiter pleinement des visites en petit comité. Pour notre tribu, direction la Cathédrale Santa Creu pour commencer notre visite. Pour y aller, Victor nous avait concocté un petit trajet au travers des ruelles du quartier Bario Gotico. Nous nous aventurions loin des gros axes pour découvre l'âme et le cœur historique de la ville. Entourés de ces murs de pierre, loin de la circulation. Autour de nous des murs de pierre, devant nous, plus de murs de pierre, au-dessus de nos têtes un ciel ensoleillé et sous nos pieds, ces ruelles pavés qui nous emportaient. J'admirais cette belle pierre jaune ou jauni par les traces du temps qui donnait l'impression de cacher l'histoire de plusieurs générations. Ces murs ne demandaient qu’à être entendus. Ils avaient vu grandir la ville autour. Ce quartier était le cœur historique de la ville et cela se ressentait. Une aura particulière planait. Et l’avantage du chemin choisi par notre animateur c’est qu’il nous permettait de nous retrouver presque seuls. Par moments, nous croisions des locaux. Et je tendais l’oreille pour les entendre parler espagnol. J’ai toujours adoré cette langue que j’avais appris à l'école. Je m’en sortais à peu près mais ils parlaient tellement vite. Et je manquais de pratique. Entendre cette langue chantante que j’avais toujours trouvé sensuelle m’emplissait d’un sentiment étranger. Je voulais en voir plus. Au détour d’une ruelle nous nous retrouvons dans La Plaça Nova. A notre droite, nous pouvions voir la cathédrale dans toute son immensité. Cette architecture gothique si particulière. Dans cette place bondée de monde, un musicien nous jouait une mélodie enjouée en fond. Sa voix écorchée racontait bien des choses, mais son refrain joyeux était là pour cacher ses blessures. Finalement il était, là, à sa place. Il était l’âme de ce quartier aussi. Comme ces constructions qui racontaient tellement d’histoire et cachaient tant de non-dits. L’authenticité de ces lieux m'emplissaient d’un sentiment de paix. En gravissant les marches pour entrer dans la cathédrale, Victor nous expliqua qu’à notre droite se tenait la deuxième muraille romaine de Barcelone, du moins ce qu’il en restait. Ces deux tours de pierre au milieu de la place avaient l’air plutôt bien conservées contrairement aux murs entre les deux. Je trouvais à ces vestiges un charme fou. Je voulais en savoir plus, je notai sur mon téléphone, le nom de la place et me promit de prendre le temps de faire des recherches. Nous nous retrouvions face à l’entrée de la cathédrale. Les reflets du soleil sur ses pinacles l’embellissaient encore plus. Les gravures sur la façade, le travail sur les fenêtres, les différentes tailles d’arcs brisées entourant cette entrée… Tout nous sonnait de nous aventurer et découvrir l’intérieur de l’édifice. La visite complète me subjugua. L’intérieur était encore plus grandiose. Les chapelles diverses, les gravures sur les murs et au plafond, l’orgue, les façades en marbre. On nous raconta l’histoire de sainte Eulalie. Cette voix à l'oreille nous contait le récit de cette martyre dont la ville de Barcelone a vécu la souffrance. Je compris que malgré le sourire que cette architecture nous donnait, les brins d’histoire qui y étaient liés n’étaient pas toujours joyeux. On apprit que des oies vivaient au sein de la cathédrale pour garder le cloître que nous avons pu visiter. C'est beau, une oie. Avec ses plumes blanches et son petit air dédaigneux. Au centre du cloître un joli jardin, où certains de ces volatiles se pavanaient au milieu de magnolias et de palmiers. Nous avons fini notre visite par l’accès à une des flèches pour pouvoir profiter de la vue panoramique de la vieille ville. Tout le monde voulait prendre cette vue en photos. Mais je voulais plutôt la garder dans ma tête, la mémoriser dans ses moindres détails. Je voulais que ce moment reste à jamais gravé. C’était mon premier véritable voyage et j’étais avide d'histoires et de rencontres, de cultures et de découvertes.
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