" Hello, Hello, anybody out there 'coz I don't hear a sound ?
Alone, Alone, I don't really know where the world is but I miss it now. Sometimes when I close my eyes I pretend I'm alright but it's never enough. 'coz my echo, echo is the only voice coming back. My shadow, shadow is the only friend that I have." Ces paroles et cette mélodie, c'est comme si Baptiste comprenait parfaitement ce que je ressentais et pourtant il ne me connaissait pas du tout. La chanson qu'il a choisie, m'a comme enveloppée. Elle me portait et berçait la peine qui gisait en moi. Mes larmes coulaient de plus belle mais j'avais l'impression que quelqu'un me comprenait, de ne pas être un casse-tête sans queue ni tête. La sensation que la musique m'a apporté à ce moment précis m'a redonné assez de cran et d'audace pour sortir de ces toilettes et sortir de ma bulle. Ce ne sera certainement pas facile mais je sais que je vais devoir essayer. Je ne pouvais pas continuer à vivre à 18 ans dans cette utopie. Je sortis de mon coin au sens propre et choisissait de me donner l'opportunité d'en sortir au sens figuré. Baptiste était encore là et il m'attendait un mouchoir à la main : - Tu te sens mieux ? - Merci, répondis-je en prenant le mouchoir parce que je ne savais pas si j'allais mieux ou pas. Je savais pertinemment que quelque part en moi un changement s'était fait et je voulais à nouveau vivre une vie normale. J'avais toujours peur de m'attacher, mais je reconnaissais que j'avais besoin de la présence d'autres personnes. Nous nous dirigions vers les autres, je ne savais pas combien de temps je m'étais enfermée dans ces toilettes. Et pour une personne qui cherchait à passer inaperçue, c'est un raté. Tout le monde me fixait, j'avais retardé notre départ et voilà que je revenais avec mes yeux tout rouges. Je comprenais qu'on puisse me dévisager comme ça, mais ceci me terrorisait. Je m'excusai et nous partîmes en direction de l'hôtel. Nous commencions en Espagne. Le Paris-Barcelone n'avait pas été long et pourtant je me sentais vidée de toute mon énergie. Arrivés à l'hôtel, je me retrouvais dans la même chambre que Léa, une fille du même âge que moi. Elle avait l'air simple, pas la personne la plus souriante au monde mais au moins je n'étais pas dans la même chambre qu'Alexandre. Pauvre Baptiste. Victor, notre responsable, nous expliqua qu'ils avaient fait en sorte de faire tourner les binômes de chambre au fur et à mesure des 6 semaines de façon à ce que tout le monde fasse connaissance avec tout le monde. Youpi, j'espère être partie avant de me retrouver dans certains binômes. Direction ma chambre, je sortis les quelques affaires que je pensais utiliser pendant nos 3 jours à Barcelone. Nous avions rendez-vous à 16h pour visiter le quartier gothique où était notre hôtel et pour découvrir un peu les alentours. Le soir, on allait nous présenter les différentes activités pour que chacun choisisse son groupe et les ateliers qui l'intéressait. En attendant nous avions 3 heures et quelques à tuer et une grosse faim à combler. Je reçus un message de Baptiste qui me proposait de manger ensemble. Je lui répondis que j'avais juste besoin de 20 minutes et on pouvait y aller. Je me lavai le visage et décidai de troquer ma robe contre un bon sweat et un jean. On ne pouvait faire plus décontracté à moins d'être en pyjama. Je m'arrangeai la queue de cheval et direction le hall de l'hôtel. Baptiste m'attendait là, tout sourire. - Alors, contente de ta chambre ? - Bof, c'est une chambre d'hôtel assez basique, la douche est pas trop mal. Les lits ont l'air confortables, pas de quoi chipoter. - Je voudrais bien te voir chipoter. Je lui tirai la langue et me rendis à nouveau compte que je me sentais bien avec lui, normale. Nous continuons notre petite discussion en nous dirigeant vers un petit restaurant non loin de l'hôtel. Ils servaient des Paellas, j'avais hâte d'en goûter, ma mère en faisait de temps à autre, mais il faut bien avoir une référence pour savoir si les siennes valaient une authentique Paella espagnole. Avec Baptiste, nous avions hâte de tester toutes les spécialités culinaires des pays à visiter. Nous avions cela en commun en plus, notre amour pour la nourriture, notre gourmandise. - Prête pour ton premier plat espagnol ? - Oui, j'ai hâte de tout goûter sur ces trois jours. Nous avions pu déguster la meilleure Paella que j'aie goûté de toute ma vie. Désolée maman. Nous en avons un peu profité après pour marcher et discuter un peu de nos souvenirs sensés être communs. Baptiste me décrivait les fêtes de fin d'année, me parlait des ragots les plus juteux du lycée mais tout ceci ne me disait rien. Je n'avais jamais fait partie de ce lycée, j'allais en cours, prenais des notes, passais mes examens et repartais. Je n'ai même jamais pu faire un seul projet en binôme, mes profs ont toujours été très compréhensifs. Est-ce pour le mieux ? Je l'ignore mais là je me rends compte que j'étais passée à côté de mes années lycée. Puis, nous avons un peu parlé de nos premières impressions sur les autres personnes en voyage avec nous. Nous étions deux à plaindre Baptiste. Nous espérions nous tromper au sujet d'Alexandre. En arrivant dans la rue de l'hôtel, on croise Yohan et sa soeur Lorie, et je me mis à rougir. Je repensais à ce que Baptiste avait dit. Serait-ce possible que la gentillesse de Yohan soit réellement motivée par une attirance physique ? Nous nous faisions la bise. - Re-bonjour, Célia. - Salut. Lorie, Yohan, ça va ? Vous avez bien mangé ? - Oui, Yohan et moi, on a a pu tester des paellas. On est plein. - On a pris le même repas avec Célia, on adore. Vous allez faire quoi maintenant ? - On allait se poser au bar de l'hôtel ou vers la piscine pour passer le temps, vous voulez venir ? demanda Yohan en me regardant. J'ai essayé de me calmer et de ne pas trop en faire. Je voulais oublier les paroles de Baptiste. - Oui bien sûr si Baptiste n'a rien de mieux à faire, dis-je me tournant vers celui qui, en quelques heures, avait su me calmer. Il me souriait. - Je suis un homme occupé mais je veux bien passer quelques minutes de mon temps si précieux à vous côtoyer, répondit-il. J'y devinai une douce tentative de me faire sourire et cela marchait bien.
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