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Moi, plaire à quelqu’un ? Ce n'est pas possible. Plus j'y pensais plus je rougissais. Comment ? Moi plaire à un garçon ? A un garçon mignon, en plus ? Non, ce n'est pas possible ! Je ne sais pas quoi faire si c'est vrai. J'ai 18 ans et je ne suis jamais sortie avec un garçon. Sortir avec ? Pourquoi suis-je allée si loin ? Il me plait ? Mais je ne le connais même pas ! Hé stop, arrête moi tout ça. Mes pensées se mirent en rang et le chaos laissa place à un peu plus d'ordre. Et oui, j'arrive par moments à me maîtriser. Qu'est ce que je dois dire maintenant ? Je dois me calmer et ensuite, je dois répondre. Maintenant que j'ai repris mes moyens, ouvre la bouche, parle. - Non, ce n'est vraiment pas possible ! (tout ça pour ça ?) - Pourquoi ? - Regarde moi, je suis nulle. Je ne suis pas belle, je n'ai pas de vie sociale, pas d'amis... Je n'arrive même pas à mener une discussion à bien. Je me perds dans mes mots. Je stresse tout le temps. Je ne dis jamais ce que je ressens, je ne suis pas sympathique.. - Doucement. Bon, tu veux un avis extérieur ou tu préfères changer de sujet de discussion ? - Je ne sais pas, je veux qu'on arrête d'en parler je pense. Je me sens mal à l'aise. - Voilà, là tu as dit ce que tu ressentais. Bon, oublions tout ça, on en parlera quand tu le voudras si d'ici là, tu veux toujours me parler. - Bien sûr que je voudrais toujours te parler, tu es l'une des rares personnes qui n'ont jamais été sympathiques avec moi, et je peux les compter sur les doigts d'une main. - Vas y ! dit-il en ricanant. Mais bien-sûr je voulais tenter l'expérience. Alors je les ai énuméré pas dans ma tête, à haute voix. - Il y a mon frère, ma mère, mon père, Nora, une amie d'enfance et Yohan, tout à l'heure. Tu as l'honneur d'être la sixième personnalité assez brave pour m'aborder. On en rit. Et j'avais l'impression qu'il comprenait le beau bordel dans ma tête. Avez-vous déjà rencontré une personne qui arrivait comme ça à lire en vous, à vous comprendre ? C'était la première fois que j'avais l'impression de ne pas être une bizarrerie, une bête de foire que l'on détaillait mais de loin, de bien loin. - Bon, ça fait un petit bout de temps qu'on parle, tu n'as pas dû beaucoup dormir hier soir comme nous tous, à moins que tu n'aies pas besoin de sommeil, tu dois vouloir te reposer. - Je ne vais pas dormir tout de suite. - C'est bien pour ça que j'ai ça. Il brandit son Ipod, me tendit un écouteur que nous avons partagé, il m'a proposé d'écouter des chansons qu'il adorait. J'étais bien pour une fois, j'étais ailleurs, la musique m'emportait et il avait vraiment bon goût. Ces musiques douces me berçaient et j'arrivais à fermer les yeux et ne penser à rien. Puis les images d'un passé joyeux défilaient. J'étais bien quand : - Célia, on arrive. - Ah, Baptiste. - Tu as un bagage à main ? - Non, juste mon sac à main. Un atterrissage en douceur plus tard, Baptiste me tira par le bras. - Allez on descend, grosse feignasse ! - Tu ne l'as pas fait. Non ! Et nous explosions de rire. Il me tirait par la main maintenant. - Allez, vite. Tu vas gâcher mon séjour. J'étais décontractée, très à l'aise avec lui. Mais au contact de sa peau sur la mienne, j'ai perdu mes moyens. La dernière personne à me tenir la main m'a blessé, m'a fait du mal. Baptiste souriait. Il était adorable, attachant même, mais je n'allais pas m'attacher. Non je ne me laisserais pas faire. Je ne suis plus aussi stupide que j'ai pu l'être avant. Je retirai ma main de la sienne aussi brutalement que je le pouvais et je me sauvai comme si ma vie en dépendait. Je me réfugiais dans les toilettes. Je me recroquevillai sur moi même et versai toutes les larmes de mon corps. J'en avais besoin, j'avais prétendu pendant trop longtemps qu'Isaac n'était plus rien pour moi. Mais il était tout. Il était dans le moindre de mes gestes, je repoussais les autres à cause de lui, je craignais de m'entendre avec quelqu'un de peur de me retrouver à nouveau brisée...Je me réfugiais dans n'importe quelle activité pour éviter de penser, de penser à lui, à tout ce que nous avions vécu. Je hais tout ce que nous aimions ensemble. J'étais une énorme fan de football, j'adorais le Real Madrid et là je le déteste parce que ça me rappelle à quel point nous étions proches. Notre oncle qui devait souvent s'occuper de nous détestait le foot, nous devions donc en sa présence trouver un moyen de suivre les matches sans se faire prendre. Je me rappelle quand nous sortions en cachette regarder un match chez un ami de mon frère, ou que nous attendions qu'il s'assoupisse pour allumer la télé et que nous évitions de faire le moindre bruit. Nous finissions souvent punis, mais tant que j'étais avec mon frère, cela n'était jamais vraiment une punition. Nous rêvions d'aller au Santiago Bernabeu tous les deux, de rencontrer Zidane ou encore Beckam. Je me rappelle mes concerts improvisés avec pour seul public, mon frère. J'adorais lui montrer comment j'avais appris une mélodie super vite et il était toujours fier de moi. Il me manquait, j'aurais tellement voulu le voir. J'entendis des bruits de pas, ils me sortirent de mes pensées, quelqu'un s'approchait. - Célia, tu aurais peu-être besoin de ça. Mets juste les écouteurs, je t'attendrais dehors peu importe combien ça prend. C'était Baptiste bien sûr. Par dessous la porte, il m'avait balancé son Ipod et je l'entendis ressortir. J'ai pris les écouteurs et cette douce mélodie berça mes larmes qui coulaient.
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