Après le départ de mon frère, je m’étais enfermée dans ma chambre pendant deux jours à me dire qu'il prenait juste des vacances et qu'il allait revenir. Mais je l’entendais parler aux parents, dire qu'il était bien ou qu'il avait adoré son appartement et que l'université était tout ce qu'il avait espéré. Il leur demandait de prendre soin de moi, de me faire un bisou ou de me dire que je lui manquais, mais je ne voulais pas de ses manières. Je n'étais pas allée lui dire au revoir le jour de son départ. Et je ne me suis jamais résignée à aller lui rendre visite. C’était trop dur pour moi. Nous ne nous étions jamais séparés avant. Même s’il était populaire, jamais il n'était parti en voyage avec ses amis. Je passais toujours en premier et puis là, je ne comptais plus. Il me répugnait. Je me suis donc résolue à le détester.
Sortant de mes pensées, je me décidai enfin à sortir de la baignoire. Je mis mon pyjama et me couchai. Je sentis que quelqu'un s'approchait de mon lit, je ne l'avais pas entendu entrer sûrement parce que j'étais trop perdue dans mes pensées. Pourtant, je savais que c'était lui. Je fis mine de dormir pour ne pas avoir à nouveau à l’affronter, il me fit un bisou sur le front. - Oh, Célia, tu m'as drôlement manqué. Si tu savais combien je t'aime, je suis désolé d'être parti mais c'était mon rêve. Tu es tout pour moi, je n'oublierai jamais tout ce qu'on a pu partager. Bonne nuit ma chérie. J'espère que ce voyage t'apportera tout ce dont tu as besoin. Je t'aime. Un dernier bisou sur le front et puis, il quitta ma chambre. Je l'entendis parler à mon père en sortant, lui dire que je dormais, qu’il avait prévu de me conduire à l'aéroport le lendemain. Je voulais juste dormir et ne pas penser à ce qu'il venait de dire, ne pas penser à ce que ce voyage impromptu allait me réserver et aux personnes que j’allais devoir rencontrer. Mon réveil sonna à 6h. Je pris une douche rapide, m'habillai, me lissai les cheveux et descendis pour prendre mon petit déjeuner. Je ne voulais pas en faire trop avec ma tenue, mais maman l'avait choisi. En général je suis plutôt du genre à mettre un jean, un sweat à capuche et des converses. Mais ce n’était pas son genre à elle. Cette tenue me changeait un peu. Je ne m'imaginais pas me mettre en robe même si elle est décontractée. La dernière fois que j’ai mis une robe datait de quand ma mère choisissait mes tenues de gamine et puis il y a eu la soirée en mon honneur. Dans cet accoutrement, j'avais peur de trop attirer l'attention. J'étais en train de mettre mon bol dans l'évier, quand mon frère arriva dans la cuisine : - Salut princesse. Son petit air encore endormi était trop craquant, les filles devaient se l'arracher, il est trop beau. N'allez surtout pas croire que je suis amoureuse de mon frère. Loin de moi l’idée. - Salut, bien dormi ? - Pas trop, mais je veux te conduire à l'aéroport. Du coup, pas trop le choix. Tu es magnifique, maman a toujours eu un don pour la mode. - Comment ? - Tu ne vas me faire croire à moi que c'est toi qui l'as choisie, cette robe. C'est certainement maman. - Bon, tu devrais manger un truc et va te changer, on doit faire vite. - D'accord, va dire au revoir aux parents, je vais me préparer. Je n'ai pas besoin d'autant de temps que toi. Je venais de m'en rendre compte, je ne prenais pas la peine de réfléchir, je lui répondais comme si nous n'avions jamais été en mauvais termes. Qu'est-ce que je peux être stupide ! Il a su tout inverser déjà alors que nous n'avions fait que nous croiser. Ou était-ce ses mots de la veille ? Je l'ignorais, me je devais me ressaisir. Ne te laisse pas faire aussi vite. Je pris soin de dire au revoir à mes parents. Il avait déjà descendu ma valise, non, mes valises. Il y en avait une autre. Sûrement maman. Et je n'allais pas avoir le temps de lui faire changer d’avis. Je montai en voiture, je ne voulais pas être à ses côtés, alors je me mis derrière. Nous ne nous sommes pas adressés la parole durant tout le trajet. Une fois arrivés, il descendit les valises et je pris mon sac à main. - Alors prête, sœurette ? Je ne répondis pas pour une fois. J’en avais assez fait déjà. Nous rentrions à l'aéroport pour essayer de trouver les autres. - Eh, profite bien de ta petite escapade. Tu vas nous manquer. On s'appelle, hein ? - Au revoir. Il aurait probablement voulu que je me jette dans ses bras mais il devait se contenter d'un signe de la main. Il partit l’air déçu et je me retrouvai seule. Je me retrouve alors avec deux valises et mon sac à main toute seule ! Bonjour la galère. Je n'arrive pas à m’en sortir. Je me donne en spectacle avec mes deux petits bras essayant de trimbaler les deux valises avec ce sac gigantesque. Soudain, j’entendis une voix masculine : - Salut, tu aurais besoin d'un coup de main ? - Non, ne vous inquiétez pas, je me débrouille. - Ne me vouvoie pas, on a le même âge. En plus, on est là pour la même raison. Comment avait-il su ? Puis je vis le ticket dans ma main. - Ah le ticket ! - Bien sûr, je ne suis pas devin. Alors, ce coup de main ? Sans même attendre ma réponse, il me prit ma valise des mains en souriant. Lui n'avait qu'un sac de voyage. Il trimbala ma valise en me faisant signe de le suivre. Ce que je fis. - Ah, merci. - Pas la peine de me remercier. Il stoppa net. Je faillis lui rentrer dedans avec mes réflexes toujours aussi aiguisés. - C'est le reste du groupe, il n'est pas encore complet mais apparemment c'est déjà une bonne partie de nos compagnons de voyage. Je vis une bonne dizaine de jeunes qui papotaient un peu plus loin face à nous. Et là, je commençai à stresser. Comment vais-je me mêler à ces gens-là ? Puis, je me retournai vers le garçon qui m'accompagnait depuis tout à l'heure. Il était plongé dans la lecture d'un roman. Ses yeux bleus brillaient, il était passionné de littérature. J'ai toujours vu ce regard. Mon frère adorait lire. Ce beau blond avait un sourire magnifique. Oh, il me souriait et moi, je le fixais. J’étais vraiment stressée, j'avais honte et je devenais toute rouge. Comment ai-je pu lui parler avec une aisance qui ne m’était pas familière ? - Tu voudrais qu'on se mêle aux autres ? - En fait, je préférerais rester là. Mais tu peux y aller. Je parlais avec une telle gêne, en me massant la nuque. Je ne voulais surtout pas me mêler au reste, pas maintenant. Trop tôt. Et sa présence commençait à me stresser beaucoup plus qu'avant. Il voulait être sympathique et je n'y étais pas habituée, je ne savais pas comment réagir. - Tu vas bien ? - Oui, je suis désolée, je reviens ! Je laissai ma valise près de lui et allai aux toilettes. J'avais besoin de respirer et de déstresser loin de cette foule de gens qui n’attendaient qu’à faire connaissance. Je l'entendis crier : - Ne tarde pas trop, le départ est pour bientôt. Qu'est ce qui m'arrivait ? Je ne savais pas comment gérer cette situation, j’avais les joues en feu. Je me lavai le visage. Je n’arrêtais pas de supplier mon corps d’arrêter de trembler, d’ordonner à mon cœur de battre à son rythme régulier, mais ils refusaient de m’obéir. C'est juste un garçon sympathique. Pourquoi me suis-je autant emballée ? C'est certainement ce regard, il me rappelle Isaac, il me rappelle combien j'ai souffert parce que j'ai été sincère. Il ne faut pas que je m'attache, mais si je les fuis, je me ferais remarquer aussi. Je risque d'attirer encore plus d'attention, si je joue la fille inaccessible. Il faut que j’y retourne et que je me calme. - Je suis désolée pour tout à l'heure. - Ce n'est pas grave, disons que tu es juste timide. - On pourrait dire ça. (Je lui souris) - Moi c'est Yohan. - Célia. - Je suis ravi d'avoir une si jolie jeune fille qui porte un si joli prénom face à moi. - Tu exagères, ce n'est pas un si joli prénom, beau jeune homme. Qu'est-ce que je venais de dire ? Comment ai-je pu me laisser aller ? Tu commences à perdre les commandes, poulette et ça va dégénérer. Il sourit, et ce sourire était juste parfait, une voix en moi me dit de me lâcher et de profiter. Mais que faire ? J'espère ne rien regretter. Je vais me laisser aller pendant ce séjour, je m'amuserais mais... Mais JE NE M'ATTACHERAI A PERSONNE ! - Alors comme ça tu me trouves beau ? - Je voulais juste te faire un compliment, comme tu m'en as fait un. - Le groupe pour l'expédition Talent Discovery. Puis-je avoir votre attention ? Un jeune homme, plus âgé que le reste nous sonnait de venir autour de lui. Il devait avoir 30 ans, pas plus. Mais c'était probablement le responsable de notre groupe. Ouf, sauvée par le gong ! On se rassemblait autour de lui. Je regardais tout autour de moi pour essayer de cerner le maximum de monde. Il appela tous les participants et cela me permit de savoir avec qui jhe partagerais les prochains jours. Nous étions une vingtaine. Je n’avais pas mémorisé les noms de tout le monde. Les personnages qui m'avaient marqués dès le début étaient peu nombreux. Yohan (bien sûr), il avait 19 ans et il était lyonnais, il était blond aux yeux bleus, faisait 1m80, et était plutôt musclé. Il était évident qu'il faisait beaucoup d'exercice. Il était là avec sa sœur Lorie qui a 17 ans. Elle lui ressemblait beaucoup. Elle avait des yeux d'un bleu magnifique. Blonde avec des cheveux longs. Elle était magnifique. Elle avait l'air sympathique, et elle était très attachée à son frère, ça se voyait à la manière dont elle le regardait. Je suis bien placée pour le savoir. Il y avait aussi Alexandre qui était l'un des plus âgés, il avait 22 ans, était brun, aux yeux noisette. Il avait un sourire assez hypocrite, me dis-je en le regardant longuement. Je devais donc me méfier de lui. Il y avait des jumeaux, Audrey et Stéphane. J’ai toujours trouvé cela assez spécial. Ils ne se ressemblaient pas vraiment, mais avaient tous les deux cet air sincère qui donnait envie de les connaître mieux. Ils avaient 18 ans. L’un était plus grand que l’autre, 1m75 au moins. L’autre était petit, 1m70 au maximum. Puis, il y avait Sidoine. Il ne s'était à aucun moment mêlé aux autres. Il avait des yeux verts qui m'avaient coupé le souffle et il était brun. Il mettait un T-shirt bleu, un jean, et des converses marrons. Il était parfait, je ne pouvais plus le quitter des yeux. Cette simplicité vous tuait. Il n’en fallait pas plus pour charmer toutes les filles autour. Il avait une guitare, c'était donc un musicien. Une fois l'appel terminé, Sidoine prit son sac de voyage et se mit dans un coin en attendant qu'on aille dans la salle d'embarquement. Ce que nous fîmes peu de temps après. Nous avions remis nos valises pour qu'ils aillent en soute. Yohan n'avait donc plus de raison de continuer à me suivre, mais il était toujours là. Yohan prit place et se tourna vers moi. - Tu viens ? - Non, tu devrais plutôt rester avec Lorie. - Mais ... - Ça peut paraître ridicule mais ça me ferait plaisir. Je savais combien c'était important, j'ai toujours été possessive vis à vis de mon frère. Je ne voudrais surtout pas qu'elle ait l'impression que je veux le lui prendre. - Si tu le dis. Bon, à tout à l'heure. Il me fit un sourire et appela sa sœur. Je me mis au fond, je voulais être seule. Ma réaction était bizarre mais je me sentais concernée. Je me souvenais d'un voyage que nous avions fait, mon frère et moi, nous ne nous sommes pas quittés une seconde. C'est exagéré pour certains, mais c'était mon pilier, la seule personne qui était toujours là pour moi. Et je l'avais perdu. Il fallait que je me change les idées, je ne voulais plus penser à lui. En fouillant mon sac, pour me trouver un bouquin à lire, je suis tombée sur un bout de papier, une lettre ou un petit mot. C'est maman, je suppose.
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