Je faisais comme si de rien n'était car je voyais une lueur d'espoir dans son regard. Non, Isaac, ce ne sont ni tes doux mots, ni ton cadeau qui vont tout changer d'un coup.
- Je dois descendre en parler aux parents. Tu leur as déjà expliqué ? - Non, ma puce. - Ne m'appelle surtout pas " ma puce " ! Ce n'est pas parce que j'ai accepté ce cadeau que je vais te sauter dans les bras et tout oublier. - Je sais bien que tu n'oublieras pas si facilement, même si j'espérais que cela m'aiderait un peu à reconquérir ma princesse. Il me fit ses yeux de chat attendrissants. Ce regard si parfait auquel je ne disais jamais non. - Oh, non ! Pas ce regard ! Mais tu sais, je ne suis plus aussi sensible à ton charme. Je descends prévenir les parents. Le départ est pour cette fin de semaine. Je descendis vite fait. Il essaya de dire quelque chose, mais je m'étais montré assez faible comme cela. Si cette scène continuait, je pourrais avoir envie de le serrer dans mes bras. Et ce serait un échec. Je ne devais plus m'attacher à personne car c'est insupportable de se retrouver privé d'une personne qui est devenue une nécessité tout comme l'oxygène qu'on respire. - Papa, je peux te parler ? - Oui ma chérie. Il se retourna, s'excusa auprès de son invité et accourut vers moi comme content que je vienne enfin lui adresse la parole. Depuis son retour de son dernier voyage en Allemagne il y a 10 jours, je ne lui ai presque pas adressé la parole. Je suis ignoble. Mais je me sens tellement mal à l'aise quand je ne suis pas seule dans mon coin. Quand on pose un regard sur moi. Quand on m'adresse la parole. Et encore plus quand on cherche à m'approcher ou me connaître. Pourtant, je n'avais même pas ignoré mon frère. Je lui avais adressé la parole sans trop y penser. Je ne me sentais pas mal à l'aise avec lui. J'étais juste blessée, comme si ... Je ne veux même pas y penser, je suis en train de penser à lui refaire confiance comme si il ne m'avait jamais fait de mal. NON, IL M'A BRISÉE . J'étais tellement perdue dans mes pensées que j'en oubliais presque mon père. - Papa. (je lui tendis le ticket) Isaac veut que j'y aille et j'ai dit oui. - C'est génial, mon bébé. Si c'est ce que tu veux. - Merci. C'était un merci vide de sens, sans gratitude, sans sincérité. Comme si en fin de compte je ne me souciais pas de ce qu'il allait dire. Il a toujours été si absent que je ne le connaissais même pas. Est-ce que je le connaîtrais vraiment un jour ? Ai-je déjà essayé ou est ce vraiment ma faute ? - Tu veux le dire à ta mère ou est-ce que je lui en parle ? - Non, je le lui dirai. Et je partis tout de suite lui en parler. Elle était seule dans sa chambre sûrement à écrire un joli petit mot à m'adresser. Elle le faisait toujours. Elle savait que je détestais parler aux autres et comme lire et écrire étaient très importants à ses yeux, elle voulait partager sa passion avec moi . Cela me touchait énormément. Et pour une fois, Isaac avait raison. Elle a fait d'énormes efforts pour moi. Je voyais dans son regard qu'elle était émue en écrivant. Bon, il va falloir rompre le silence. - Coucou maman. - Coucou ma chérie. (elle cacha son mot) Tu as besoin de quelque chose ? - Non, je voulais juste te dire que je pars en voyage samedi. Je perçois dans son regard un brin de déception. - Si tu le veux, maman, bien sûr. Qu'est ce que je venais de sortir ? Son regard m'avait touché. Ce n'est pas normal. Ce n'est pas moi. Je ne suis pas aussi fragile que ça. - Bien sûr ma chérie ! Tu vas où ? Je lui montrai le billet, tout y était expliqué. - C'est un cadeau d'Isaac, il pense que ça me serait bénéfique. Mais je ne reste qu'une semaine ou deux pour lui montrer que je préfère rester à la maison. Ce genre de trucs, ce n'est pas pour moi. - Non ma chérie, essaie d'en profiter. Tu peux rencontrer des gens bien, te faire des amis et t'amuser. - Je ne pense pas mais j'y vais quand même. J'ai promis et moi, contrairement à d'autres, je tiens mes promesses ! Je me retournai pour faire face à mon frère qui était entré au moment où je tendis le fameux billet à ma mère. Cette offensive lui était destinée. Il n'avait tenu aucune de ses promesses : "Je serais toujours là pour toi, tu ne seras jamais seule." Ce souvenir, ces mots qui repassaient en boucle dans ma tête depuis son arrivée me rendaient bien plus vulnérable que je ne voulais le montrer. Je quittai cette pièce parce que je sentais que j'allais baisser ma garde. Je partis m'enfermer dans ma chambre et on toqua de suite à la porte. - Isaac, va te mêler au reste des invités, je veux pas te voir. - Non, ma chérie, c'est moi. - Maman ! (J'ouvris la porte) Oui. Je lui souris. Elle parut étonnée. - Tu veux que je t'aide à ranger tes affaires pour ton voyage ? - Non, va rejoindre papa et le reste des invités. - Je n'en ai rien à faire. Cette fête, elle a été organisée pour toi. ton père était fière, il pensait te le montrer de cette façon là. Mais comme tu n'y es pas, pour moi ça n'a aucun sens d'y retourner. Je veux passer du temps avec ma fille. Elle me serra dans ses bras et j'y étais bien. J'avoue que je lui ai fait plus de peine qu'elle n'en méritait, j'ai été égoïste au plus haut point. - Oui, j'aurais bien besoin d'aide pour préparer ma valise. Je me détachais de son étreinte. Je faiblissais et cela me répugnait au plus haut point. Je savais qu'il fallait éviter de revoir mon frère, qu'il allait tout gâcher. Je m'étais fixée un but, jamais plus je ne me laisserai attendrir par quelqu'un. Je ne veux plus qu'on m'approche. Je ne veux plus faire confiance à personne. La race humaine adore trahir et décevoir. Je ne veux pas en payer les frais ENCORE UNE FOIS. Maman avait sorti une valise et se mettait à choisir des tenues convenables, parait-il . Quelques tenues en cas de randonnées, d'autres pour les soirées, une tenue cosy par-ci et une tenue très féminine par-là. A vrai dire, ma mère faisait la plus grande part du travail, je me contentais de commenter et de la regarder faire. Elle était aux anges, c'était pour elle la première fois que nous partagions quelque chose. C'est étonnant comme une petite marque d'affection peut toucher les gens. C'est tellement bizarre. - Maman, c'est tout. On en a mis assez je pense. - Non ma chérie, ces 45 jours, il va falloir que tu fasses bonne impression, que tu attires un peu plus les regards sur toi et que tu te fasses des amis pour une fois. Fini de jouer la discrète. - On verra bien. Cela avait l'air tentant sans pour autant être une expérience qui promettait d'être un délice. Ce qui est clair c'est que cela n'allait pas être facile. - Allez mon bébé, mine de rien il est déjà 23h. On devrait rejoindre ton papa et ton frère, la piste de danse nous appelle. Accordons nous une demie heure de bon temps, et après au dodo. Demain, nous devons nous occuper de tellement de choses. Ce soir là, j'ai simplement obéi, sans chichi, ni prise de tête. Je ne me suis pas entêtée et nous nous sommes amusées toutes les deux. Le jour suivant, nous sommes allées acheter les choses qui manquaient à ma valise. Ma mère m'a emmené chez le coiffeur, je devais me couper les cheveux. Et je vous épargne toute la ribambelle de préparatifs pour le grand départ. Encore la même routine le jour suivant, et celui d'après. Et s'en suivit une journée de plus à me chouchouter. La semaine a été relaxante et je n'ai pas beaucoup passé de temps à la maison donc je n'ai pas eu plus d'efforts à faire pour éviter la présence de mon frère. Vendredi soir, en me mettant au lit, ma mère arborait un sourire que je n'avais vu sur son visage que quelques fois sur les six dernières années. Elle était aux anges, et je dois avouer que je me suis bien amusée aussi. - Bonne nuit ma chérie, demain c'est le grand jour. On a passé de très bons moments ensemble cette semaine. J'ai hâte de nous refaire une journée filles à ton retour. Dors bien, demain c'est réveil tôt le matin. - D'accord, bonne nuit maman. Je lui fis un bisou sur la joue et elle m'étreignit. - Allez, bonne nuit Célia, dit mon frère dont on ne voyait que la tête. Je t'emmène demain à l'aéroport. Avant même que j'ai pu donner mon avis, il était parti, emmenant ma mère avec lui. Une fois seule, je me préparai un bain. J'avais besoin de me vider un peu la tête, je réfléchissais trop, et cela me fatiguait. Mais si j'arrêtais de trop réfléchir et que je me laissais aller à nouveau, j'en souffrirais. Je repensais à Isaac, à mon chevet. J'avais de la fièvre. Mon père était aux Etats Unis et maman avait une réunion avec son club à Venise. De temps en temps, elle faisait ce genre de voyages avec les membres du club pour qu'ils s'imprègnent de l'atmosphère que pouvait dégager tel ou tel bouquin. Je me sentais très mal, mon frère avait appelé un médecin qui lui avait dit que j'avais juste besoin d'une bonne nuit de sommeil. Cela ne l'avait en rien calmé, il n'avait pas fermé l'œil de la nuit. Il avait passé la nuit à essayer de faire baisser ma température. Je sentais la serviette froide sur mon front qu'il changeait chaque quart d'heure. L'inquiétude, l'amour que j'ai vu dans ses yeux à mon réveil. Puis son soulagement lorsque j'ai souri en disant que tout allait bien. Je pensais que c'était sincère mais il a tout détruit, même les plus beaux souvenirs que nous avons ont un goût amer dorénavant. Je le détestais pour tout ce mal qu'il m'avait fait.
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